L’heure
À neuf heures pile Mike prend le départ pour une heure sur la piste. Il doit faire juste un peu moins de 181 tours de piste dans l’heure, 45,189 km. Mike part sur un bon rythme à 46,2 km/h. Puis après 10 minutes, ses muscles se contractent, je vois qu’il respire fort, ce sera difficile, très difficile. Je n’ai plus de voix suite à mon rhume, je cherche à l’encourager à pousser plus fort et encore plus fort, je siffle, j’écris des messages sur de feuilles de papier. Tous les canadiens sont là pour l’encourager. Mike va terminer l’heure avec un manque de 67m, 45,122 km/h.
Il se reprendra mardi prochain. Un homme avec un grand courage et d’une grande dignité. Je sais qu’il réussira cette fois, nous avons discuté des modifications à faire sur son vélo. Il va mettre un plus gros braquet et relever son guidon d’un centimètre… Il fera au moins 45,5 km j’en suis certain.La Scratch
La qualification peut être stressante pour certains. La moitié des coureurs des deux vagues sera coupée, pour ne garder que 24 coureurs pour la finale. Rien de compliqué dans une scratch, le premier qui croise la ligne gagne ! Dans mon cas, je sais quoi faire. J’ai aussi l’avantage d’être surveillé. La qualification fut une formalité. Sans me pousser à fond, je me qualifie 2e. Ce fut plus difficile pour Sylvan Adams qui a été disqualifié pour avoir passé par la gauche sur la côte d’azur. Malheureusement, tous ses efforts durant la course n’ont pas donné les résultats souhaités...
Je reste au vélodrome en après-midi, j’en profite pour visiter Manchester et me reposer avant la course. Je dors bien dans le box des canadiens au centre de la piste, en compagnie de Pascale. Elle me donne même un conseil : «Fais forcer tous les sprinteurs pour les épuiser avant l’arrivée des 40 tours de piste (10km).
Vers les 20h30 les 24 coureurs s’alignent au bas de la piste, je pense aux mots de Pascale. Et Bang!, le coup de fusil annonce le départ. Je prends mon relai et j’augmente le rythme à 50 km/h et tirant un tour complet. La vitesse reste soulevée pendant un ou deux tours, puis quand elle tombe je relance à nouveau. À mon quatrième coup quand tous les coureurs lèvent le pied et remontent dans le haut de la piste, je plonge à nouveau. Je regarde sous mon bras et je constate qu’ils m’ont laissé partir seul. Au tour suivant, je vois un maillot rouge revenir sur moi, c’est le Danois Claus Christiansen. Je l’attends en me demandant pourquoi les coureurs du peloton nous ont laissés filer seuls devant eux. Les deux meilleurs poursuiteurs libres de s’exprimer avec leurs meilleurs atouts… Sans nous regarder, sans nous parler, Claus et moi partons pour prendre un tour sur le peloton. Notre duo prend rapidement un demi-tour. Le peloton tente une chasse mais nous sommes trop constants et rapides. Le tour est pris rapidement. Les médailles d’or et d’argent sont assurées.
Maintenant il ne reste qu’à surveiller les échappées et me placer pour finir devant Claus. Nous avons fait le travail pour contrer les attaques. À quatre tours de la fin un Britannique lance le sprint pour Claus, ça roule vite. Je suis à 3 vélos de Christiansen qui doit lancer le sprint à 2 tours de la fin. Il hésite un peu et à un tour et demi de la fin, je lance le sprint, je passe Claus, je sais que je vais gagner. La cloche du dernier tour sonne, 250m à fond sans regarder derrière. Je croise la ligne, j’ai gagné la scratch, j’ai mon troisième titre. Ce que je pensais impossible est arrivé.
Merci Pascale pour tes conseils ! Merci Claus d’avoir partagé ton effort avec le mien.
Argent Claus Christiansen DEN
Bronze Vicente Florio Jorge Zoric ARG
Demain je pars visiter l’Écosse avec Pascale. Bronze Vicente Florio Jorge Zoric ARG
Vive le sport et la culture !