M O N T R E A L - Q U E B E C - C A N A D A
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25.4.09

David Bowman : entrepreneur malgré lui


photo : Ivanoh Demers

David Bowman : entrepreneur malgré lui

25 avril 2009
Philippe Mercure

Bien des raisons peuvent pousser quelqu'un à se lancer en affaires. Mais David Bowman est sûrement le seul entrepreneur à s'être retrouvé président d'une entreprise à cause d'un cadenas de bicyclette. Aujourd'hui, le patron d'Outdoor Gear Canada possède sa propre marque de vélos. Et compte surfer sur la vague de cyclistes urbains qui déferle sur Montréal pour la faire grossir.

Au milieu des années 70, David Bowman était dans la mi-vingtaine. Un boulot dans un atelier de typographie de l'Université McGill, un intérêt pour la contre-culture : dire que cet homme rêvait de devenir entrepreneur serait faire un gros accroc à la réalité.

« Je fais partie de la génération des baby-boomers. Et dans les années 70, être un homme d'affaires, ce n'était pas très cool », dit M. Bowman.

Mais le sens des affaires se cache parfois chez les gens à leur insu. Et celui de David Bowman s'est manifesté le jour où un de ses amis est revenu d'un voyage à Boston avec un cadenas de bicyclette. Un cadenas comme on n'en avait jamais vu au Québec.

« À l'époque, les cadenas étaient des chaînes ou des câbles. Mais lui est revenu avec un cadenas en U », explique M. Bowman.

Il n'en fallait pas plus pour que les deux amis descendent à Boston pour rencontrer l'entreprise qui avait fabriqué le cadenas - Kryptonite. Et qu'ils en reviennent avec un contrat d'exclusivité de deux ans pour distribuer les cadenas au Canada.

« Ils ont bien vu qu'on n'avait pas beaucoup d'expérience, raconte M. Bowman. Mais ils ont dit : si vous payez d'abord pour les cadenas, on n'a rien à perdre. »

« Wow. Et vous êtes revenus avec un pack-sac plein de Kryptonite ? » demande Alec Stephani, designer de vélo chez Outdoor Gear Canada, qui assiste incrédule au récit de son patron.

« Non, ils nous ont demandé de payer d'avance... et on n'avait pas assez d'argent », répond M. Bowman en riant.

De retour à Montréal, David Bowman envoie un chèque à Boston. Une boîte de cadenas prend le chemin inverse. Et la carrière d'entrepreneur de David Bowman débute.

L'homme se souvient encore de son premier client, dégoté en épluchant les Pages Jaunes : Cycle Peel, une boutique de vélos qui n'existe plus aujourd'hui. « Le propriétaire m'a passé une commande. Et il m'a donné en même temps quelques conseils. Il m'a dit : c'est très difficile de devenir un fournisseur pour les magasins avec seulement un produit.»

« Alors on a décidé de chercher d'autres produits comme Kryptonite. Des produits intéressants, haut de gamme, qui n'étaient pas disponibles au Canada. »

Cap sur les vélos urbains
Trente ans plus tard, Outdoor Gear Canada est toujours le distributeur exclusif des produits Kryptonite au Canada. Mais l'entreprise a drôlement grandi. L'entrepôt de Saint-Laurent où elle brasse ses affaires contient des piles et des piles de boîtes. Casques de vélo et de motocross, guidons, roues, porte-bagages: l'entreprise, qui compte aujourd'hui quelque 90 employés, fait encore 85% de son chiffre d'affaires en distribuant des accessoires.

Mais ce qui emballe vraiment David Bowman, par les temps qui courent, c'est ce vélo en train d'être assemblé par un employé au fond de l'atelier.

Un vélo Opus.

Après avoir distribué les vélos des autres au Canada pendant des années (ceux de Specialized, Trek et Pro-Flex, entre autres), Outdoor Gear Canada a pris la décision de commencer à fabriquer les siens en 2001.

« D'abord, nous sentions que nous pourrions faire mieux nous-mêmes en termes de design de vélos. Nous connaissons le marché canadien et nous savons ce que les Canadiens aiment », explique M. Bowman.

« Et puis, nous avons un réseau de détaillants au Canada qui est extraordinaire grâce à notre secteur des accessoires. Nous connaissons les détaillants et ils connaissent notre réputation. C'est un avantage majeur », continue le président.

Les vélos Opus, qui comptaient pour seulement 5% du chiffre d'affaires il y a 3 ans, rapportent aujourd'hui 15% des revenus de l'entreprise.

Le catalogue contient autant des vélos de course à plusieurs milliers de dollars que des vélos tout-terrain. Mais un segment d'affaires est en plein boom chez Opus : celui des vélos urbains.

M. Bowman voit avec satisfaction des villes comme Montréal étendre leur réseau de pistes cyclables et faire la promotion du vélo.

« Aujourd'hui, la possibilité d'utiliser le vélo pour aller au bureau ou à l'école est bien réelle. Et c'est la même chose à Toronto et à Vancouver. Depuis que j'ai fondé cette compagnie en 1978, j'ai vu beaucoup de changements dans le monde du vélo. Mais la croissance des vélos urbains est vraiment un phénomène qui se démarque aujourd'hui. »

Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Entre 2007 et 2008, les ventes de vélos urbains ont grimpé de 31% chez Outdoor Gear Canada. Cette année, les commandes pré-saison des détaillants ont augmenté de 17%.

Opus vient de lancer une nouvelle gamme de vélos, Urbanista, qui allie le style rétro des anciens vélos européens aux performances des vélos modernes.

« Bicycles - Art - Culture », affiche le blogue que l'entreprise a lancé pour en faire la promotion. Une façon pour David Bowman, peut-être, de concilier les affaires à son goût pour la contre-culture.

« Je ne pourrais pas vendre n'importe quoi, dit-il. Je veux vendre des produits auxquels je crois. »

Et les affaires ?

« Aujourd'hui, j'ai 60 ans, j'ai fait ça pendant la plus grande partie de ma vie et je dois dire que j'aime ça. J'ai appris mes leçons lentement, à mesure que l'entreprise grandissait. Il y a eu beaucoup d'essais et d'erreurs. Mais ce n'est pas de la physique nucléaire : pour être entrepreneur, il faut du gros bon sens. Si vous êtes assez intelligent, si vous avez une bonne équipe - et j'ai une très, très bonne équipe - vous pouvez avoir du succès. »

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Le point critique chinois
Lancer une marque de vélos au Québec en 2001 ? Disons qu'il fallait du courage. Parce que la décision a été prise alors que la Chine prenait d'assaut le marché canadien de la bicyclette, comme pratiquement tout le secteur manufacturier.

Entre 2000 et 2007, la valeur des importations chinoises de bicyclettes a pratiquement triplé au Canada, passant de 32 à 93 millions de dollars. La production canadienne, pendant ce temps, chutait. Les Canadiens ont fabriqué 740 000 vélos au pays en 2000; on n'en faisait plus que 480 000 en 2004.

Mais Outdoor Gear Canada a décidé de tirer profit de la Chine. Le design de tous les vélos Opus est fait à Montréal, et 32 des 48 modèles produits par Opus sont aussi assemblés à Saint-Laurent.

Les vélos les moins chers, par contre, sont assemblés en Chine. « La proportion du prix de vente représentée par la main-d'oeuvre n'est pas très importante pour un vélo de moyenne ou haute gamme. Mais elle prend de l'importance pour les vélos d'entrée de gamme » explique David Bowman.

« Il y a comme un point critique », continue le grand patron. « Un prix de détail de 1000$, quand on le fabrique ici, c'est avantageux. »

Sinon, le vélo est assemblé en Chine.

13.4.09

Martin Chamberland - Photographe de presse et cycliste


Clara Hughes en action

Martin Chamberland est photographe de presse et cycliste passionné. Si une image vaut mille mots, encore faut-il savoir faire parler les images. Et là, le regard particulier de Martin fait la différence lorsqu'il s'agit d'appuyer au bon moment sur le déclencheur de son appareil. Le photographe de presse vit dans l'instant présent et c'est justement la captation de cet instant qui est à la base même de son métier. Savoir voir les choses sous un angle différent, faire ressortir l'âme d'une personne, ou le détail qui nous échappe. Ou encore nous montrer l'habituel de façon inhabituel afin de nous révéler, en quelque sorte, le vrai visage de notre monde. Rouler en vélo relève aussi du moment présent. En tout cas de la façon dont Martin abord le cyclisme, c'est une passion qui va bien au delà de la simple randonnée.

U. Si tu faisais un rapide autoportrait professionnel, pour commencer.

MC. J'ai débuté à La Presse en avril 1997 (oui oui, en film!) à temps partiel. J'ai ensuite commencé au journal Le Devoir environ un an après cela. J'y ai travaillé deux ans. À peu près en même temps j'ai été à La Presse Canadienne. Je jonglais avec les trois en même temps, parfois dans la même journée! J'ai arrêté ce cirque fou lorsque La Presse m'a embauché à temps plein en novembre 2000.

U. Parlons d'abord de vélo. Tu es également cycliste. À quel niveau?

MC. Je suis un grand passionné du cyclisme. J'aime tellement pratiquer ce sport que je ne saurais vraiment décrire la chose. Ce sport m'a d'ailleurs apporté beaucoup et je ne vois pas le jour où j'arrêterais de le pratiquer. Je fais du vélo de façon sportive une "coche" en dessous de la compétition, si l'on peut dire ainsi. J'ai fait des camps d'entraînement six années de suite en Virginie. Je suis allé rouler deux fois en Italie. J'ai roulé un peu en France, en Irlande, dans plusieurs autres états des États-Unis. Je pratique ce sport ainsi depuis que j'ai 13 ans, cela fait donc 22 ans de cela! Et tout cela est la faute à Steve Bauer. Je regardais la télé un après-midi et je m'ennuyais. Je suis arrivé à syntoniser le canal où l'on diffusait la course des Amériques (j'oublie le nom officiel de cette course qui a duré 5 ans à Montréal), la première édition où Steve avait remporté la course. J'ai tellement été subjugué par ces images, les vélos, la trame dramatique de la course, la façon que les cyclistes roulaient en peloton à travers les rues de Montréal, que je me suis lancé sur mon vélo immédiatement après la course et je me suis mis à rouler à tous les jours.
Je n'ai jamais arrêté depuis. Grâce au vélo j'ai pu faire des rencontres, dont Steve Bauer lui-même, et plusieurs autres, qui aujourd'hui sont des amitiés permanentes. J'ai eu la chance de rouler avec Dom Perras à plusieurs reprises, Dominique Rollin lorsqu'il a été guide en Virginie, toute la gang des mardis Lachine, Marc Dufour, Bruno Langlois, Pascal Choquette, Alexandre Cloutier. En fait il y en a tellement que j'oublie. Puis au-dessus de tout cela, il y a les anecdotes inoubliables, ces histoires, ces paysages que je garderai avec moi tout au long de ma vie avec lesquelles j'embêterai ma fille et peut-être mes petits enfants un jour à leur raconter en détail.

U. Ta relation avec ce sport modifie-t-elle ta prise de vue?

MC. Je crois que non. Ma prise de vue a le plus été affectée par le cinéma car avant de faire de la photo j'étudiais en cinéma, je voulais devenir directeur photo. J'aime les photos à haut contraste et à éclairage dramatique. Par contre, lorsque je photographie une course de vélo, le fait de pratiquer ce sport m'aide à mieux gérer la prise de vue durant une course.

U. Tu as déjà roulé sur un Opus, un Toccata 2001 si je me souviens bien. Roules-tu encore avec?

MC. Malheureusement je ne roule plus avec depuis l'an passé car je l'ai prêté à un cousin, je tente de le corrompre également afin qu'il devienne un des nôtres. Tu sais, pour les vampires c'est simple, ils mordent dans le cou pour qu'une autre personne devienne un vampire. Nous les cyclistes on doit prêter des vélos, des cuissards, des souliers, des casques, des bidons puis ultimement, du savoir. Le savoir qui transformera le néophyte en rouleur. Pas de la tarte je te dis. Mais il faut le faire car un cycliste c'est généralement une bonne personne... puis plus on est de bonnes personnes sur la Terre et mieux les choses iront! Donc pour le Toccata, je crois que je vais le revoir lorsque mon cousin aura eu sa morsure afin qu'il se procure lui-même sa monture. Je laisse le temps faire les choses. Je reverrai mon Toccata. Il est vraiment confortable ce vélo, c'est pas croyable!

U. Sur quel vélo roule-tu actuellement?

MC. Je roule actuellement sur un Specialized Tarmac 2008.

U. Fais-tu de la compétition?

MC. J'y ai trempé le petit orteil de la patte gauche, j'ai fait quelques courses. Mais je ne suis pas fait pour cela. Il me manque de la force et je ne crois pas avoir le profil psychologique pour réussir en compétition de vélo de course. Et je ne m'en porte pas plus mal car mon but maintenant est de me tenir en forme. Ça, je réussis à le faire pleinement. Puis pour faire de la course, il faut s'entraîner énormément, chose qui est absolument impossible maintenant pour moi depuis que j'ai un enfant.

U. Tu es un cycliste de route. Es-tu aussi cycliste urbain à l'occasion?

MC. Non je ne le suis pas; je n'habite pas en ville, ce qui voudrait dire que pour l'être il faudrait que je me déplace 45 minutes à vélo afin de l'être. Mais j'ai souvent fait des rêves éveillés que si j'habitais en ville, je me déplacerais uniquement à vélo de café en café ou d'un rendez-vous à l'autre.

U. Tu as fait une série de photos de Sylvestre Calin, propriétaire de la boutique de vélos Brakeless sur l’avenue Parc, spécialisée en "Fixie" (Vélo à pignons fixe). Quel est ton point de vue de ce mouvement en marche? Et sur le vélo urbain en général?

MC. Premièrement je dois te féliciter pour ton sens de l'observation car moi-même je n'ai toujours pas trouvé cette photo dans le journal, je l'ai manquée! En ce qui concerne les vélos à pignon fixe, je les aime beaucoup et je dois dire que j'aime surtout ce que Sylvestre fait. Il redonne une âme à des vélos qui n'en ont plus à cause des développements technologiques. C'est bien correct d'avoir une usine et de fabriquer 500 000 vélos par année, mais c'est également très beau de voir Sylvestre s'attarder à créer des oeuvres d'art avec ces vieilles bécanes qui autrement seraient vouées à l'abandon dans un sous-sol empoussiéré. J'adore là où est rendu le style urbain, qui semble avoir forgé son style sur celui des courriers à vélo.
Là où je mets un bémol, c'est que je crois que l'utilisation du pignon fixe qui est faite actuellement, relève d'une sorte de mode au détriment de la santé des genoux. Je ne suis pas convaincu que c'est le meilleur outil pour les courriers à vélo. Certains mécanos et propriétaires de boutiques de vélo disent que le pignon fixe finit par blesser les genoux de celui qui l'utilise trop. Mais tu sais, en ce qui me concerne lorsqu'il est question de vélo, je les aime de toutes les façons; route, montagne, piste, BMX, style Amsterdam, beach cruisers, hybride, name it!

U. L'affluence des courriers à vélo est un fait urbain. Aujourd'hui, avec la miniaturisation de l'équipement photographique, serait-il utopique de conjuguer photographie de presse et vélo?

MC. J'y ai souvent pensé! Mais cela serait vraiment compliqué, voire utopique. Primo, il te faut quand-même des flashs et les trépieds pour ces flashs. Trimballer ça en vélo, ça devient un peu moche à la longue. Imagine le ke-kling ke-klang que ça ferait, toi qui n'aime pas le squick-squick de la chaîne que seul un labrador peut percevoir, tu capoterais. Secundo, parfois il faut aller se procurer une lentille de deux tonnes dans notre coffre-fort pour aller couvrir un événement, généralement sportif, qui nécessite une lentille téléphoto. Faire le rickshaw pour une 400 mm 2.8, déjà là je commence à moins tripper.
Tertio, aller photographier monsieur le premier ministre dans une conférence impromptue au Reine-Élisabeth avec son odeur corporelle rebutante dûe au pédalage lors d'une chaude journée de juillet, sa jambe de pantalon droite rebroussée aux confins de sa chaussette et cette sacrée trace de graisse à chaîne que l'on ne sait guère comment elle fait pour toujours se faufiler là au beau milieu du front sans avertissement, bref, souris autant que tu veux, le grand monsieur à la porte du chi-chic hôtel va certainement t'en refuser l'accès. J'allais également oubllier de mentionner l'affectation de dernière minute à 174 kilomètres d'ici qui doit être faite dans une heure (mais pogne pas de ticket là, dixit le boss...), t'as beau avoir le dernier Vivace monté Dura Ace avec des roues Cosmic, je mets un petit deux que tu ne te rendras pas à temps. Cette idée ne tient la route que si tu fais certaines assignations assez simples qui ne nécessitent pas trop de matériel ni de distances lointaines. Malgré la miniaturisation du matériel, il reste que pour faire ce que l'on fait tu as besoin d'une base de matériel qui ne rétrécira pas vraiment: un flash, un trépied, une longue lentille, etc. C'est donc impensable. Malheureusement. Ce serait pensable pour un photographe/artiste/poète qui vogue de projet personnel en projet personnel, genre!

...lire la suite de l'entrevue
Martin Chamberland - Photographe de presse et cycliste (suite)

Voir et lire le blogue de Martin Chamberland
http://martinchamberland.wordpress.com/

23.2.09

L'oeil du photographe


Opus Cervin 09

ENTREVUE

Marc Dussault est le photographe des vélos Opus depuis l'introduction de la marque sur le marché en 2001.

U. Ayant depuis de nombreuses années oeuvré dans le domaine de la publicité et de l'édition, la photo d'objet n'a évidemment plus de secret pour vous. Qu'est-ce qui pourrait alors différencier la photo d'un vélo d'un autre objet?

MD. Plusieurs facteurs sont à considérer : D’abord sa taille, Il est plus imposant qu’un pot de yogourt, il va sans dire. Je dois donc disposer d’un espace studio suffisamment grand pour accueillir l’éclairage et la gamme de vélo a photographié au complet. La manipulation du vélo est aussi plus laborieuse et c’est un bon défi de le faire tenir debout seul, en équilibre sur ces roues.
Il nécessite aussi plus d’attention à de multiples détails, très importants pour le client. De plus, il y a beaucoup de pièces mobiles et elles doivent être dans la bonne position et bien propres.
Ensuite, il y a l’éclairage qui nécessite aussi une attention particulière. Un Vélo, c’est plein de pièces réfléchissantes qui luisent dans toutes les directions, Il n’y a que les pneus qui eux, à l’inverse, sont très mats. C’est donc important de bien faire ressortir les détails de ces pièces en utilisant une panoplie de réflecteurs de tout formats.

U. Sans vouloir faire de jeu de mots facile, quel est votre parcours... professionnel?

MD. Sans vouloir faire de jeu de mots facile aussi, je vous répondrais que c’est en faisant des kilomètres que l’on devient meilleur… Je suis autodidacte. Je me suis donc intéressé à la photographie très jeune et je n’ai jamais lâché. J’ai fait pleins d’essais et plein d’erreurs, mais j’ai appris et je suis arrivé à mon but.

U. Quel élément a déclenché cet intérêt de jeunesse pour la photographie?

MD. La curiosité principalement, l’objet lui-même m’intriguait (la caméra) et un jour quand j’avais 14 ans environ, j’ai tout simplement mis un film dedans pour voir ce que ça donnait… j’ai jamais arrêté.

U. Vous côtoyez autant le milieu de la mode et de la publicité, que celui des artistes. À voir le résultat de certaines photos que vous avez prise des vélos, spécialement ceux de la gamme Urbanista (le Cervin, ci-dessus), on perçoit jusqu'à la personnalité du bicycle, même une certaine présence vivante de l'objet. Il va sans dire que la technique photographique y est pour beaucoup. Pourrait-on dire que vous avez une certaine similitude d'approche entre la prise de vue d'une personne, d'une vedette par exemple et celle d'un vélo?

MD. Je n’ai jamais vu ça comme ça en fait. Pour moi, chaque objet ou personne, m’inspirent d’une façon très différente. Je suis une personne très spontanée, je regarde mon sujet et je trouve l’angle, la lumière et la technique qui me plaît et qui se marie bien avec. Bien entendu, au cours des années, on développe un style et une technique qui nous est propre. Ça se reflète donc naturellement un peu sur les sujets que je photographie. Mais encore là, chaque personnes et objets étant différent, le résultat de l’image le sera aussi forcément. C’est la beauté de la chose, c’est un nouveau défi à chaque fois.

U. Votre approche, sur certaines photos de détails de vélo, se rapproche de la photo d'art. Le vélo se fait alors discret, c'est à peine si l'on peut le reconnaître. Est-ce une approche courante en photo d'objet?

MD. Courante oui, mais pas toujours applicable, ça dépend vraiment de l’utilisation de l’image. Lorsque c’est dans le but d’illustrer un thème vaste, ou de mettre une ambiance dans un document, la photo peut vraiment être très artistique et dans certain cas peu représentatif de l’objet. Elle devient appréciable que par son équilibre sa perception aux yeux de chacun. En contre-partie, si la photo se veut plus technique, la définition de l’image est souhaitable.

U. Faisiez-vous de la photo de vélo avant Opus?

MD. Non, Opus a été mon premier client. Fidèle à moi-même, j’ai fait plein d’essais et j’ai développé une technique qui fonctionne très bien. Je me suis aussi fait de nouveaux amis.

U. Et depuis?

MD. La beauté de faire des photos pour un produit tel le vélo, pendant de longues années, c’est que l'on devient en quelques sortes, un « expert ». Ceci m’a donc ouvert bien des portes au sein des autres manufacturiers. Je fais donc beaucoup de photos pour Kuota et Devinci. Merci Opus!

U. Êtes-vous plusieurs au Québec à faire de la photo de vélo, ou vous êtes-vous retrouver à être LE photographe de vélo?

MD. Dans ce milieu, on ne sait jamais vraiment qui fait quoi, donc je ne pourrais pas vraiment répondre à ça, j’imagine que non. Mais je sais que j’en fais beaucoup par contre.

U. Vous êtes vous-même un cycliste que l'on pourrait qualifier de cyclosportif. Le fait de pratiquer ce sport influence-t-il l'approche de votre prise de vue?

MD. Je dirais que c’est définitivement un atout que d’être cycliste, ça me permet d’être meilleur juge au niveau de l’angle de prise de vue et de la position idéale de chacune des pièces du vélo. Ça devient plus naturel aussi, lorsque je veux être créatif et prendre des angles plus radicaux.

U. Êtes-vous devenu cycliste à force de prendre en vue des vélos?

MD. J’avoue que c’est un objet que j’adorais, je le trouvais beau, raffiné, racé et très technique. Alors si je combine ça avec le fait que certains de mes amis qui s’adonnaient déjà à ce sport d’endurance m’aient initié, oui, le fait de photographier des vélos à certainement jouer un grand rôle. J’ai eu la piqûre tout de suite et j’ai acquis mon premier Opus peu de temps après. Je l’ai vendu 2 ans plus tard et j’en ai acheté un autre que j’ai toujours d’ailleurs.

Marc Dussault Photographe Inc
www.marcdussaultphotographe.com
marcdussault@mdphotog.com

26.8.08

Dessine-moi un vélo !

texte original

26 juillet 2008


Stéphane Le Beau .................................................. Alec Stephani

Dessine-moi un vélo !
Charles Meunier

C'est au Québec que l'on retrouve le plus de vélos par habitant au monde. Surpris ? Pourtant, il suffit d'observer le nombre de cyclistes et de tous âges qui se lancent à l'assaut des pistes cyclables et des routes qui sillonnent la campagne québécoise. Sans oublier les rues et les trottoirs des villes qu'un nombre toujours croissant d'adeptes parcourent sur des engins aux caractéristiques techniques et aux look variant à l'infini.

C'est sur ces deux aspects fondamentaux que planchent Stéphane Lebeau et Alec Stephani. Les deux designers créent des vélos urbains, de route, de montagne et de compétition. Si bien que leurs modèles ont porté leur entreprise, Opus, dans le peloton de tête des marques de vélos recherchés conçus et assemblés, pour la plupart, à Saint-Laurent.

« Les designers québécois de vélos, aux dires d'Alec Stephani, se comptent sur les doigts d'une seule main. » Mais comme le fait remarquer Stéphane Lebeau, « cela est appelé à changer ». Pourquoi ? Parce que l'industrie du vélo n'échappe pas à la mondialisation et à la concurrence qu'elle engendre. Celle de la Chine, notamment, est féroce. On y produit annuellement plus de 70 millions de bicyclettes.

Voilà pourquoi le tandem Stephani-Lebeau considère que pour se démarquer et assurer leur rentabilité, la qualité et l'esthétisme sont les meilleurs atouts des fabricants québécois. Ils doivent, et le temps presse, se forger une réputation qui leur permettra de conserver une longueur d'avance pour offrir partout dans le monde des vélos haut de gamme qui allient art et génie, design et mécanique, tout en offrant la meilleure performance au meilleur prix.

Coiffer les Chinois au fil d'arrivée est un défi de taille. Au cours des sept dernières années, la valeur des importations chinoises au Canada pour des vélos bas de gamme a triplé. Elle est passée de 32 à 93 millions de dollars. Durant la période 2000-2004, le nombre de vélos fabriqués au Canada est passé de 740 000 à 480 000. Cela donne une idée de la taille des enjeux.

Un passé garant du présent et de l'avenir

Alec Stephani, si l'on peut dire, est tombé dedans quand il était petit. Enfant, il dessinait toutes sortes d'engins. Plus tard, alors qu'il travaillait comme directeur artistique en publicité, il s'est intéressé, en autodidacte, aux véhicules sans moteur.

« J'ai participé, raconte-t-il, à plusieurs projets comme celui d'un sous-marin à propulsion humaine en collaboration avec l'École de technologie supérieure. Il va sans dire que lorsque l'on m'a proposé de dessiner des vélos, j'ai sauté sur l'occasion. »

Son collègue, Stéphane Lebeau détient une maîtrise en éducation physique et il est un fervent adepte du vélo de compétition. Depuis l'an dernier, il est champion du monde sur piste dans la catégorie des maîtres, titre obtenu en Australie. Tout récemment, il s'est mérité le titre de champion canadien contre-la-montre.

Il y a neuf ans, David Bowman, le grand patron de Outdoor Gear Canada qui produit la marque Opus, a demandé à Stéphane LeBeau d'écrire un article sur l'entraînement en vélo. Le texte a dû plaire puisqu'il a été engagé comme chef de projet. « Et quand en 2000, relate-t-il, l'idée de dessiner et de concevoir des vélos s'est concrétisée, j'ai été très heureux de faire partie de l'équipe. »

Comment expliquer que l'entreprise de fabrication de vélospour laquelle Alec et Stéphane travaillent mette autant l'accent sur le design ? Elle tire son origine de l'approche consommateur qu'elle privilégie. Alec Stephani explique : « Trois critères guident le designer et orientent le choix du consommateur lors de l'achat d'un vélo : l'allure, le poids et le prix. »

L'acheteur potentiel doit être séduit au premier coup d'oeil. « Nous vivons à une époque où le look revêt une grande importance. À qualité égale, on choisira le produit le plus attrayant. Voilà pourquoi, nous misons beaucoup sur l'esthétisme. » Ce qui ne veut pas dire que l'on néglige pour autant la qualité du châssis et des composantes mécaniques comme les roulements à billes, les dérailleurs, les matériaux comme le carbone ou le titane du cadre. Bien au contraire.

I1 existe de par le monde plusieurs concepteurs et fabricants de composantes mécaniques de très haute qualité. Inutile donc de réinventer la roue. « Si nous devions, de dire Alec Stephani, sourire en coin, mettre en marché un vélo "maison", on risquerait de passer à côté de notre client cible. Nous préférons utiliser des composantes provenant de Shimano ou de Campagnolo. Ce sont de grandes marques dont la réputation n'est plus à faire. »

Pour Stéphane LeBeau leur rôle de designer de vélos est clair. « Premièrement, dit-il, nous concevons des vélos avec des cadres et des fourches qui assurent la conduite que le cycliste recherche. Tout bon vélo qu'il soit destiné à la course ou à la ballade doit être à la fois stable et nerveux. Il doit aussi être performant quel que soit son usage. Notre seconde considération toujours en lien avec l'esthétisme c'est le poids. »

Et Alec Stephani de renchérir : « On ne fait pas que rouler avec un vélo, il faut aussi le transporter. Sans oublier qu'un vélo léger facilite les accélérations et les remontées. »

Leur recherche esthétique se fait dans les couleurs, le fini, les décalques et les textures qui sortent de l'ordinaire. L'entreprise vend aujourd'hui 25 fois plus de vélos qu'en 2000.

Designer de vélos : un parcours sinueux ?

Comment devient-on designer de vélos ? Alec et Stéphane n'en démordent pas. Pour devenir designer de vélo, il faut, au premier chef, être adepte de la bécane. C'est leur cas. Le vélo est le moyen de transport qu'ils utilisent quotidiennement pour se rendre au travail. Beau temps mauvais temps, ils testent leurs engins pour mieux connaître les besoins des cyclistes. Alec chevauche des vélos de ville. Stéphane, qui parcourt chaque année plus de 7000 kilomètres à des fins d'entraînement et de déplacement en ville, enfourche son Vivace dont il se sert aussi pour la compétition.

Pour Alec, l'amour du vélo ne suffit pas. « Pour faire ce métier, souligne-t-il, il faut être polyvalent, faire preuve de créativité, savoir s'adapter très vite aux changements, aux besoins des consommateurs et aux tendances du marché. »

Stéphane cite le parcours de Hugues Lapointe qui tout récemment à joint l'équipe. « Il est passé par l'école de design de l'Université de Montréal. Puis, il est venu en stage chez Opus. Nous l'avons gardé. On lui a confié le développement d'une nouvelle ligne de vélos pour enfants et la responsabilité de réaliser le catalogue de nos produits. Preuve que pour réussir dans ce métier la multidisciplinarité joue un rôle de premier plan. »

24.4.08

Opus à "Salut Bonjour"


Le Jour de la Terre

Michel Jean
offre un vélo Opus Fhast 1 de compétition dans le cadre de l'émission "Salut bonjour" à TVA et de l'initiative De moi VERT toi.
Voir la vidéo de l'entrevue

Site de "De moi VERT toi"
http://tva.canoe.com/emissions/moiverttoi/

11.3.08

Alec Stephani - designer de vélos

ENTREVUE

Alec Stephani est responsable du design et du style des vélos Opus et des accessoires Ora.

Q : En quelques mots, quel est votre parcours?

AS : Je suis né à Genève (Suisse) et j'ai étudié le design graphique aux Arts Décoratifs. Depuis toujours, je me suis intéressé au design d'objets et au design graphique. Ma formation m'a permis d'explorer plusieurs avenues professionnelles, telles que la publicité, où j'ai été directeur artistique de quelques agences, à Genève et à Montréal, le dessin archéologique pour le département d'anthropologie de Genève, l'illustration, la peinture et le design pour divers projets.
Parmi eux, j'ai eu le plaisir d'être au commencement d'un projet extraordinaire : Omer, un sous-marin à propulsion humaine, qui détient, encore aujourd'hui, dans sa 6e version, le record du monde de vitesse sous l'eau.
Je suis entré chez OGC (distributeur de produits cyclistes) en 94. En 2000, nous avons commencé le projet Opus.

Q : Qu’est-ce qui vous a amené à vous occuper du design et du style de la marque Opus?

AS : Je m'occupais déjà, chez OGC du développement de produits. Lorsque OGC a pris la décision de développer sa propre marque de vélo, ce fut alors le projet le plus excitant de ma carrière, car cela me donnait la possibilité d'enfin réaliser un véhicule qui serait distribué à travers tout le pays.

Q : La marque Opus existe sur le marché depuis 2001. Quels sont vos projets pour la marque pour les années à venir?

AS : L'avenir se trouve, à mon sens, dans le vélo urbain, anciennement appelé hybride. Mais le terme d'hybride est réducteur et quelque peu péjoratif. Un hybride et la combinaison de deux choses. Autant dire qu'il n'est ni l'un ni l'autre complètement! Dans la désignation "Urbain" il y a une idée sous-jacente qui est le "tous les jours".
Le but est de développer un vélo pouvant le mieux répondre aux besoins de cette vie de tous les jours. Les préoccupations environnementales sont évidemment considérées. Quoi de mieux que de laisser sa voiture, ne pas polluer et se mettre en forme. Mais il y aussi le "coup de coeur". Ne nous le cachons pas, nous vivons dans un monde matérialiste. On aime les objets et on veut le plus beau. Si je peux arriver à faire aimer la pratique du cyclisme par le fait d'avoir un coup de coeur pour une belle mécanique, alors cela va me stimuler à dessiner le plus beau des vélos, le plus raffiné, correspondant aux goûts de son utilisateur, mais aussi, ayant les composants les plus intéressants, tout en respectant un budget parfaitement abordable. C'est un défi de taille. J'aime créer des machines de compétition, de véritables formules 1 cyclistes, mais l'exercice est relativement facilité du fait que bien des composants de pointe sont choisis pour ces vélos de course. Au final, le prix reflète les besoins du coureur.
Pour le cycliste de tous les jours, le budget est évidemment beaucoup plus serré. Mais il ne faut pas que la conception de sa machine en souffre. Alors il faut chercher et encore chercher les bons produits afin de créer un vélo au comportement routier parfait et à la fiabilité irréprochable.
C'est un défi qui me stimule beaucoup et qui me pousse à aller quelque fois au-delà des sentiers battus. Et si, en plus j'arrive à faire en sorte que ce vélo ait un style unique, alors je suis content de mon travail.
Ma récompense est de voir quelqu'un circuler sur un de nos vélos, sans effort, tout sourire et fier de sa monture.

à voir :
www.alec5.com
www.alecart.blogspot.com
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INTERVIEW

Alec Stephani is responsible for the design and the style of the Opus bicycles and the Ora accessories.

Q: In a few words, what is your background?

AS: : I was born in Geneva (Switzerland) and I studied Graphic Design and Decorative Arts. I have always been interested in the design of objects and graphic design. My education enabled me to explore several professional avenues, such as advertising, where I was an artistic director for media agencies both in Geneva and Montreal. I also held a position doing archaeological drawings, illustrations, paintings and designs for various projects for the department of anthropology of Geneva. I was also pleased to be involved with the beginning of an extraordinary project: Omer, a submarine with human propulsion, which, in its 6th version, still holds the world record speed under water. I began my career with OGC (distributor of cycling products ) in 1994. In 2000, we launched Opus Bicycles.

Q: What led you to the design and the style for Opus?

AS: I was already involved with OGC in the development of product. When OGC made the decision to develop its own brand of bicycles, it was the most exciting project of my career. This gave me the opportunity to produce a vehicle which would be distributed throughout the country.

Q: The Opus Brand has been on the market since 2001. What projects will you involve yourself in for the future?

AS: I believe the future is with the urban bicycle. Until recently urban bicycles have been labelled “hybrids”, but the term “hybrid” is limiting and somewhat pejorative. A hybrid is the combination of two things. As much to say that it is neither completely one nor the other. In designation "Urban" there is a subjacent idea which is the "everyday". Our goal is to develop a bicycle that can meet the needs of everyday life. The environmental concerns are obviously considered. What could be better than to leave ones car, not pollute, and better ones health all at once. There also the matter of "pride", we do not hide that we like our objects and possessions to be beautiful. If I can encourage cycling through a consumer’s need for a beautiful machine, then that will stimulate me to draw the most beautiful, refined, tasteful bicycles. And, if I can use interesting components while respecting an accessible budget I will succeed. It is a large challenge.
While I enjoy designing machines for competition, bicycles for exercise share many of the components of these racing cycles. The price for the bike needs to reflect the needs of the intended cyclist. For the everyday cyclist, the budget is often much tighter, but the design should not suffer from this. It is necessary to still use strong components in order to create a bicycle that behaves well and is reliable. This challenge stimulates me and pushes me to think outside the box. And if, I manage to design these bicycles to have a consistent style, then I am pleased with my work. My reward is to see people effortlessly riding on one of our bicycles, smiling and proud of its appearance.

see also :
www.alec5.com
www.alecart.blogspot.com
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5.3.08

David Bowman - Un homme et son vélo

ENTREVUE

David Bowman est le président de OGC (www.ogc.ca), une des compagnies de distribution principale au Canada de pièces et accessoires de cyclisme depuis près de 30 ans.
Après avoir distribué par le passé les marques de vélos Specialized, Gary Fisher, Lemond et Proflex, OGC s'est lancé, depuis 7 ans, dans la fabrication des vélos Opus.

Q : Monsieur Bowman, qu'est-ce qui vous a poussé à vouloir mettre sur le marché votre propre marque de vélos?

DB : Notre personnel inclut des gens oeuvrant dans le milieu du cyclisme et des athlètes de haut niveau, en compétition de route et de montagne. Ainsi, après tant d'années à distribuer des produits d'autres marques, nous avons décidé de nous relever les manches et de fournir une ligne de bicyclettes qui utiliserait pleinement toutes les connaissances et l'expérience acquise. C'est ainsi qu'est né Opus.

Q : Quelle est la philosophie des vélos Opus, qu'est-ce qui vous démarque de vos concurrents?

DB : Nous croyons que chaque type de cyclistes, de chaque calibre, devrait rouler sur les meilleures bicyclettes disponibles. Ainsi, en termes simples, notre but et notre stratégie est de construire des vélos du plus haut niveau possible, pour les cyclistes de route, les cyclistes de montagne et les cyclistes urbains, qu'ils soient impliqués dans la compétition à haut niveau ou dans le simple transport au travail ou à l'école.

Q : On peut lire que les baby-boomers semblent se tourner vers la pratique du vélo en plus grand nombre. Aller vous réagir à cette tendance?

DB : Oui, nous croyons que ce groupe, qui compte pour une très grande part de la population actuelle, est une partie importante de nos affaires. La plupart des personnes dans l'industrie savent que ce groupe est plus adapté que leurs prédécesseurs et tendent à choisir des produits de meilleure qualité. Nous avons conçu des modèles de route, de montagne et de vélos urbains avec une géométrie "plus détendue" afin de s'adapter à des cyclistes plus âgés qui sont également des fervents de la petite reine.

Q : Vous fabriquez des vélos, vous déménagez sous peu dans un nouveau bâtiment certifié L.E.E.D. (Leadership in Energy and Environmental Design), vous roulez vous-même dans une voiture hybride... Suivez-vous la tendance des préoccupations environnementales?

DB : N'importe qui, qui a lu, entendu ou vu l'information sur le réchauffement global et d'autres problèmes environnementaux, doit être sensible aux tendances courantes. Il y a tant de mesures, petites et grandes, que les individus et les organismes peuvent prendre, qui n'impliquent que peu ou pas de dérangement pour eux-mêmes, afin de réduire la quantité de pollution qu'ils produisent. Ma voiture hybride est aussi confortable et efficace que toute voiture que j'ai possédé. Notre nouveau bâtiment ne sacrifie également en rien le confort et l'efficacité exigés. Et je crois qu'un bâtiment "vert" représente un investissement productif très bon. C'est une valeur marchande grandement augmentée par ses dispositifs verts. Ses frais d'exploitation (chauffage, climatisation, éclairage) sont moins sensiblement que ceux d'un bâtiment conventionnel.
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INTERVIEW

David Bowman is the president of OGC (www.ogc.ca), for 30 years Canada`s leading distributor of better-quality cycling products. Several years ago, after having distributed some of the best-known international brands of bicycles including Specialized, Gary Fisher, Lemond and Proflex, OGC decided to use its collected experience and expertise to develop its own bicycle program under the Opus marqué. Seven years later, Opus road, mountain and urban bicycles are now sold in some of the best bicycle shops in the country.

Q : Mr Bowman, what led you to develop your own bicycle program?

DB : Our staff includes people who have worked in the industry, sold and serviced some outstanding bicycle brands, raced bikes at very high levels in road and mountain. We decided it was time to create a bicycle program that would make full use of all our acquired wisdom and experience. This is how Opus was born.

Q : Which is Opus`s goal as a bicycle program?

DB : We believe that cyclists of every type and every calibre should be riding the best bicycles available for the type of riding they do. So, in simple terms, our goal and strategy is to build the highest-value bicycles possible for road, mountain bike and urban cyclists whether they are involved in high-level competition or commuting to and from work or school.

Q : We read that baby boomers are much more interested in fitness than their generational predecessors and in cycling, in particular. Does Opus target this group?

DB : Yes, we believe that this very large population group is an important part of our business. Most people in the industry know that this group is more fit than their predecessors and, as a group, tends to choose better-quality products. We have designed models of road, mountain and urban bikes with more 'relaxed' rides to accommodate older riders who are also enthusiasts.

Q : You manufacture bicycles, you have in a new building certified L.E.E.D (Leadership in Energy and Environmental Design)., you, yourself, drive a hybrid car. Environmental concerns are clearly a priority for OGC and Opus?

DB : Anyone who has read, heard, seen the information on global warming and other environmental issues has to be worried about current trends. There are so many steps, small and large, that individuals and organizations can take, that involve little or no inconvenience to themselves, to reduce the amount of pollution they generate. My hybrid car is as comfortable and efficient as any car I've owned. Our new building also sacrifices nothing insofar as comfort and efficiency is concerned. And I believe a 'green' building represents a very good business investment. It's market value is enhanced by its green features and its operating costs (heating, air conditioning, lighting) are substantially less than those of a conventional building.

18.7.07

L'homme de fer

Bonjour Éric*,

Les deux dernières semaines ont été très occupées pour moi car j'ai participé au demi Ironman de Lévis et au triathlon olympique de Saguenay.

Au demi Ironman de Lévis où on devait parcourir 2 km de natation, 90 km de vélo et un demi-marathon de 21.1 km, j'ai gagné l'épreuve, toute catégorie confondue avec tout près de 2 minutes d'avance sur mon plus proche poursuivant. Je suis sorti de la natation en 9e position avec un retard de 40 secondes que j'ai très bien comblé en vélo avec le meilleur temps de la compétition, avec une moyenne de 37 km/h (mon vélo Opus
Magnificat 06 est très confortable et performant) et j'ai fini avec une très bonne course à pied en 1 h 27 minutes (le 2e meilleur temps de la compétition) pour finir en 1ère position avec un temps de 4h 21 min.

À l'arrivée j'ai fait une entrevue avec RDS pour l'émission sur la route du sport qui sera diffusé mardi 17 h (cette semaine ou la semaine prochaine). J'ai évidemment pris soin de mettre mon chandail Opus pour cette petite entrevue!

Au triathlon de Saguenay on devait parcourir 1,5 km de natation, 40 km de vélo et 10 km de course à pied. Plusieurs athlètes de la région de Québec se sont présenté au Saguenay pour prendre leur revanche sur la semaine dernière. Malheureusement pour eux, j'ai très bien récupéré de mon demi Ironman de la semaine dernière et j'étais en excellente forme. En natation je suis sorti en 1ère position juste devant François Piuze (celui-là même qui m'avait pris 40 secondes en natation la semaine dernière) en vélo nous avons échangé la première position avec une moyenne de 37,5 km/h pour finir la portion vélo ensemble. En course à pied nous avons parcouru les 4 premiers km ensemble et j'ai accéléré pour les 6 derniers km et pour finir avec une avance de presque 1 minute.

Les résultats obtenus dans les deux dernières semaines sont excellents et montrent que ma prépartion pour le Championnat du monde à Hawaii va très bien. Il me reste 3 mois avant le championnat du monde et d'ici je veux participer à un autre demi Ironman.


Merci pour votre appui


Frédéric Bouchard

*couriel envoyé à Eric Kotlarsky, chef du marketing Opus.

13.4.02

Martin Chamberland - Photographe de presse et cycliste (suite)


Jeune femme qui tisse un tapis au Cachemire
Winners of the 3rd annual Friends of the Earth International photo competition
4e place


...Suite de l'entrevue avec Martin Chamberland

U. On parle de "l'oeil du photographe" comme la signature même du capteur d'images. Dans ton cas, il va sans dire, il est particulier et remarqué par les nombreuses personnes qui t'engagent. Tu as une approche personnelle pour traiter les sujets. Comment vois-tu les choses qui t'entourent?

MC. L'oeil du photographe, le regard si on veut, est différent à chaque photographe. C'est normal, cela va sans dire et c'est ainsi pour tout, que ce soit l'écriture, la peinture, etc. Mon regard est toujours à la recherche des contrastes, de la lumière, des couleurs et des angles. Je cherche toujours à faire une photo percutante, qui attire le regard du lecteur. Depuis que je suis photographe je suis beaucoup plus observateur de la lumière qui m'entoure, je la remarque presque à chaque étape de la journée, au fil des mois et des saisons. Mais en bout de ligne, je veux que l'impact visuel puisse incorporer le plus de ces éléments afin de rehausser le contenu de la photo.

U. Comment conjugues-tu la vision personnelle d'un sujet et la commande neutre journalistique de l'image?

MC. C'est quelque chose qui se travaille au fil du temps et je crois pouvoir affirmer avec justesse que je réussis bien en ce domaine. Lorsque le sujet que je traite est contraire à mes convictions personnelles, je tente de me visualiser être cette autre personne, ce qu'elle pense, ce qu'elle vit à ce moment précis, pourquoi elle pense et agit ainsi. Je tente de me mettre dans ses souliers et cela m'aide à rester neutre. C'est mon truc à moi, je n'ai pas sondé mes collègues sur la chose.

U. La photo se doit-elle d'être neutre? Peut-elle l'être?

MC. Nous devons tous être conscients, en tant que photographes de presse, que nous avons le devoir de rester le plus neutre possible. Et en ce sens, je crois que nous réussissons toujours à atteindre ce but car notre premier devoir est de chercher à faire une photo qui colle avec l'histoire que nous couvrons. Par la suite, c'est certain qu'il y aura toujours quelqu'un pour débattre du fait que notre travail n'est pas tout à fait neutre. Je peux citer plein d'exemples où je me suis retrouvé à couvrir des sujets avec lesquels mon opinion différait grandement, mais l'éthique et la crédibilité que nous possédons à La Presse sont des choses avec lesquelles je ne badine pas.

U. D'ordinaire, je crois, l'article et la photo de presse se produisent en même temps et indépendamment. Mais arrive-t-il qu'une fois la photo présentée et choisie, cette dernière influence la couleur de l'article qui l'accompagne?

MC. C'est très rare. La raison en est fort simple. À La Presse, lorsque nous travaillons, journaliste et photographe vont habituellement chacun de leur bord. Les deux font leur travail presque sans se consulter. C'est pas mal dommage en y pensant bien, mais les choses sont ainsi. Il est donc difficile que le travail de l'un ait une incidence sur le travail de l'autre. Mais j'ai remarqué qu'à chaque fois que j'interrogeais le journaliste afin d'en soutirer le plus d'infos, la photo qui en ressortait se rapportait mieux à l'histoire.

U. Y a-t-il un devoir de réserve en photographie de presse?

MC. Oui il y a un devoir de réserve. Et ce devoir de réserve peut venir du photographe, du journaliste, d'un pupitreur ou d'un patron. Lorsque le sujet peut causer préjudice à la personne interviewée ou à l'histoire qui s'y rattache, il faut faire preuve de prudence. On fait souvent des photos de gens qui ont le dos tourné au photographe afin de ne pas les reconnaître, ou on utilise la technique de l'ombre chinoise, c'est-à-dire de ne voir qu'une silhouette. Il y a aussi le flou qui peut être utilisé. Ce sont d'ailleurs toutes des techniques que j'ai utilisées récemment pour couvrir une histoire d'un enfant qui a subi du harcèlement à l'école comme le jeune David Fortin que l'on ne retrouve plus depuis plusieurs semaines. J'ai sorti tous ces trucs de mon chapeau et j'ai été relativement satisfait du résultat.
Mais si on revient au sujet principal de la question, le devoir de réserve, c'est quelque chose que je fais probablement une fois par semaine. Je ne soumets que les photos que j'aime vraiment, soit pour leur contenu visuel ou pour leur proximité avec l'histoire racontée. C'est vraiment rare que mes patrons me demandent de soumettre de nouvelles photos car celles que j'avais initialement choisies ne leur plaisaient pas. Les patrons ne voient jamais toutes les photos que l'on prend car, en premier lieu, cela prend beaucoup trop de temps. Puis ensuite ils nous font pas mal confiance. Et de plus, le processus de sélection des photos se fait par le photographe dans un bureau à l'écart du reste de la salle de rédaction, ou carrément en dehors de La Presse comme je fais souvent.

U. Y a-t-il des secteurs délimités dans le métier de photographe de presse, ou êtes-vous libre de toucher à tous les sujets?

MC. Bien heureusement nous avons la chance de toucher à une multitude de sujets. C'est ce qui m'intéresse dans la photo de presse car cela nous amène à explorer tous les aspects de la vie humaine, l'humain sous toutes ses coutures.

U. Quels sont tes sujets de prédilection?

MC. La photo de reportage à l'étranger. Les cultures du monde m'intéressent énormément. J'aime aussi la photo de sport. Puis j'aime les reportages de longue haleine, qui nécessitent parfois même une recherche des ressources se rapportant au sujet.

U. Tu es un photographe mobile. As-tu aussi un studio?

MC. Non je n'ai pas de studio car cette facette de la photographie m'interpelle moins. Mais j'ai à portée de main quelques flashs et des trépieds qui me permettent d'éclairer la plupart de mes sujets de façon très convenable pour la photo de presse.


U. Le désir de faire de la photo de presse te vient d'où?

MC. Un jour d'été de 1994 je me promenais sur le plateau et j'ai vu les fêtards de la coupe du monde de soccer, ceux du Brésil plus précisément, danser et chanter, jouer du tam-tam tout en bloquant les rues. J'ai commencé à faire des photos car cela m'interpellait; une autre culture, la bonne musique, la joie intense. J'ai tellement aimé l'expérience que je voulais absolument revivre le rush d'un tel événement. Je me demandais par contre s'il existait un domaine qui m'amènerait à faire de telles photos tout en étant apte à bien gagner ma vie, je ne saisissais pas trop à ce moment tous les aspects de la photo.
J'ai éventuellement fait le lien avec la photo de presse et je suis allé faire de la photo bénévolement pour tous les journaux étudiants de Concordia, il y en avait 4 à ce moment-là. Je me suis ensuite inscrit en photo à Dawson. Et à ma deuxième année, j'ai eu la chance ultime de recevoir un coup de fil de La Presse qui avait grandement besoin d'un coup de main. Ils étaient dans la chnoutte faut dire pour m'appeler! Moi qui avais 23 ans et pas vraiment toutes mes dents, photographiquement parlé bien entendu. Mais faut croire que je cadrais dans le portrait (oui oui, c'est un mauvais jeu de mots) car ils m'ont gardé! Et ça fait exactement 12 ans ce mois-ci.

U. Tu voyages beaucoup, l'Inde, la Bulgarie... Où encore?

MC. J'ai été plusieurs fois à Cuba, j'ai également été quelques fois au Mexique, au Vénézuela, plusieurs fois en Europe (11 pays d'Europe en tout), puis j'ai même eu la chance d'aller au-delà du cercle arctique, tout près du pôle nord. Puis, comme tu dis, l'Inde deux fois, la Bulgarie et bien entendu, l'Italie, pour le vélo!

U. Ton voyage en Inde t'a certainement marqué. Cela a-t-il changé ta prise de vue, autant technique qu'idéologique?

MC. Bien simplement non, mon oeil photographique n'a pas changé en Inde. Mais par contre ma vision du monde a changé, ma vision de la vie et de sa fragilité. Ayant côtoyé la vraie misère humaine, je suis plus sensible qu'avant au sort des plus démunis. Je pose de petits gestes quotidiens comme gaspiller moins d'eau, recycler, économiser de l'électricité et jeter le moins de nourriture possible. Imagine te promener dans un bidonville puant en Inde, il fait 45 degrés celsius et que d'aucune façon tu ne peux te procurer un verre d'eau potable. Et nous, on garroche de l'eau potable sur nos pelouses, nos gros chars, nos entrées d'asphalte, puis on fait même nos besoins dans de l'eau qui est buvable. Quelle injustice!

U. Tu as fait des expositions de ce voyage. As-tu fait d'autres expositions?

MC. Oui, j'en ai une qui a eu lieu récemment, une mini expo d'un jour sur mes photos de spéléologie dans les grottes du Mexique, une exposition organisée par la société québécoise de spéléologie. Puis j'ai eu des photos dans plusieurs expositions communes de photos de presse, sur le verglas, sur les meilleures photos de presse lors d'un concours annuel, lors du festival de Jazz et j'en oublie peut-être une.

U. Fais-tu des études personnelles, des recherches photographiques, des oeuvres à toi?

MC. Là, je file un peu mal mais la réponse c'est non. Auparavant, il y a de cela bien des années, j'en faisais en dehors de mes heures de travail lorsque j'avais un peu plus de temps libre. Mais aujourd'hui, je ne fais pas vraiment de photo à part mon travail. Bien évidemment je prends plusieurs photos de ma fille qui a 13 mois, mais en ce qui concerne des projets personnels, le temps est une denrée très rare lorsqu'on a un jeune enfant. Puis pour moi, c'est aussi une question de ce que j'appelle "rester frais". J'ai besoin de prendre une distance afin de mieux revenir la semaine suivante et continuer à pratiquer mon métier avec ferveur. Par contre, à ma défense, lorsque je voyage je redeviens le jeune photographe ébahi devant l'éternel, devant de nouveaux paysages, devant d'autres gens et je m'adonne à ce plaisir qui m'a amené initialement à la photo. C'est toujours réconfortant d'ailleurs.

...lire le début de l'entrevue
Martin Chamberland - Photographe de presse et cycliste (1)

Voir et lire le blogue de Martin Chamberland
http://martinchamberland.wordpress.com/